J’ai lu les frasques d’Ebinto en classe de cinquième ou quatrième. Mes souvenirs ne sont pas exacts. J’avoue l’avoir lu par obligation et devoir. Aujourd’hui, libre de toutes contraintes, je récidive. Mais ce coup-ci, pour ma propre culture. Quel narrateur ! Quel descripteur ! Quel talent ! Quelle plume! Je suis encore toute retournée. Franchement l’auteur n’a pas à rougir devant Guy de Maupassant, le Dieu de la description. « D’akounougbé « son village natal à Washington, son ascension est méritée. Déterminé dès son jeune âge, Amadou dispose d’une bibliothèque constituée d’une soixantaine d’œuvres. Tout jeune, il a cet amour le pour travail. Il a compris que le travail bien fait paie. Et ce en dépit de sa rencontre avec l’amour et son corollaire de douleurs et de souffrances. Une épreuve mais pas un bémol. Les frasques d’Ebinto, une encyclopédie, un guide pour l’écriture, la description. Le tout assorti à une bonne dose d’émotion. De quoi à arracher une larme même à un Diable.
Monique, toute une métaphore
Qui ? Qui d’autre que Monique des frasques d’Ebinto pourrait mieux définir ce qu’est l’autre femme. Dans sa si longue lettre adressée à son époux le cours magistral y est.
Vivre dans l’ombre d’une autre, un choix ou pas. Peu importe. Bienvenue au monde de l’auto flagellation ! La raison ne vous habite plus. Rassurez-vous, vous n’êtes pas folle. Vous êtes amoureuse. Éprise d’un homme qui en aime une autre. Comment, pourquoi ? Aucune réponse. Et pourtant vous êtes bardés de qualités, modestie mise à part. Ces qualités, ces vertus se décuplent et toutes sans exception sont mises à rude épreuve. 1000 fois plus tolérante qu’auparavant. L’impardonnable est pardonné. A côté de vous, Gandhi est un enfant de chœur. Une autre mère Theresa. Sourde, aveugle et muette se greffe à votre Curriculum vitae. Jalouse, vous n’avez pas droit. C’est un luxe ! C’est au risque de perdre l’amoureux. Et ça vous n’y comptez pas. Vous n’y songez aucunement. L’orgueil et votre honneur foutent le camp. Le silence, votre meilleur ami, votre arme fatale. Des soupirs, de grandes souffrances internes. J’ai bien dit l’auto-flagellation. Les mots sont bien pesés. Accepter tout et ne rien dire devient votre devise. Comprendre l’incompréhensible vous caractérise désormais. Pardonner, excuser et même justifier les gaucheries de l’être aimé voilà ce à quoi vous avez droit. Le paradoxe c’est qu’on reste et espère qu’il se rendra compte de ces sacrifices. Une maso peut être mais amoureuse. Une attitude qui frise la bêtise mais c’est comme ça !
Prisonnière de votre propre « alcatraz ». Deux possibilités s’offrent à vous. La liberté ou se laisser mourir à petit feu. Corneille l’a dit le bon Dieu est une femme et j’adhère !
Oui tout comme toi j’ai bon souvenir de cette œuvre. Ce roman m’a marqué…même encore aujourd’hui. Merci à toi Dro!
je t’en prie Félix!
Tout a été bien dit. Toutes les femmes qui vivent une situation similaire se retrouveront parfaitement et celles aussi qui sont dans une relation où l’homme ne fait pas cas d’elles, de ce qu’elles ressentent, ce qu’elles aimeraient et où elles doivent mettre orgueil et honneur de côté, comprendre l’incompréhensible, pardonner, excuser et justifier les gaucheries de l’homme, rester et espérer qu’il se rende compte de ces sacrifices et tout cela dans une douleur que seule une personne éperdument amoureuse peut supporter. J’espère que les hommes qui liront en tireront des leçons pour mieux traiter leurs amoureuses. Merci Dro Rita!
tout à fait Monsieur Aurenzo.
Bon billet
Souvenir souvenir !!!
De bons souvenirs!
C’est très bien exprimé. « Comment, pourquoi ? Aucune réponse » Oui c’est toujours ainsi.
tout à fait très cher!
Bon, sur cette « affaire » de Monique-Murielle, il va falloir que l’auteur (que j’avais rencontré en…98) nous situe un jour. J’ai cru en une histoire vécue puis après, j’y ai vu une réplique au féminin de Dionysos et Apollon…
…Un peu plus tard, de grandes personnes, qui auraient fait le collège de Bassam avec l’auteur nous diront que l’histoire est vraie hors mis…la mort de Monique! Cette « mort » qui a fait pleurer plus d’un serait imaginaire. Quel grand auteur cet natif d’Akounougbé!
..Monique aurait mené une carrière de cadre à la fonction publique. Elle aurait eu ses bureaux à la Cité administrative au Plateau! Bon, comme je n’ai jamais « accepté » la mort de Monique, cette « version » m’a beaucoup aidé psychologiquement…
..Pour clore: combien de fois, alors que j’avais un certain âge, me suis-je demandé, en voyant une dame d’un certain âge au Plateau, n’est-ce pas Monique qui passe là? Le temps a fait le reste!
ce que c’est beau! ce roman a marqué, c’est sûr, plus d’une personne.Et c’est un honneur pour moi de faire renaître en vous tous ces sentiments. Un grand honneur! Merci Monsieur Lévy.
naissance d' »une' » critique littéraire: Droville. J’apprécie vraiment bien écrit!!!
Merci Wilane. Sur les traces de notre maître Guebo Israël!
Bel article comme toujours et bon choix du sujet. Cet ouvrage est au delà du classique une référence de l’écriture descriptive et un hommage à un écrivain aussi grand que les grands de référence. Amadou Kone avec les frasques d’ebinto ne nous lâche qu’à la dernière page lessivée, le cœur meurtri, et une autre vision de la vie en tête. Mais prendre le livre sous l’angle de Monique me gêne un peu. Parce que cette femme pour moi savais dans quoi elle s’engageait. Elle savait que le combat était perdu d’avance face aux enjeux et aux sentiments déjà présent. Dans ce cas je ne parlerai pas simplement d’automutilation mais de suicide pur et simple. Suicide dépeint par l’auteur à la fin (qui était juste une image) d’une femme qui fini par accepter de mourir enfin pour libérer celui qu’elle aime. Pour moi il faut parfois ne pas forcer surtout quand on sait. Mais comme toujours Rita je m’incline bien bas.