
Elles règnent en maitresses incontestées du poisson cuit à la braise ici au mythique carrefour de Guessabo depuis 25 ans. Les restauratrices de la famille Damousso, béninoises de sang, ivoiriennes de cœur attirent le voyageur en transit dans ce très fréquenté point d’escale. Suivons ensemble les astuces, recettes et mode de fonctionnement de ces redoutables entrepreneures sur le fleuve Sassandra.
Vendredi 16 novembre 2018. La broussaille de plus en plus clairsemée d’Issia, ville située dans le centre-ouest de la Côte d’Ivoire, achève brusquement son parcours sur la grande intercession de la localité de Guessabo. Il est 14 heures et le ballet des cars, poids lourds, véhicules personnels aussi de tricycles et de vendeuses de poissons est dense. Des véhicules stationnés à la queue leu leu ont leurs passagers attroupés par grappe sur des étals de poissons. Celui qui draine le plus de monde est l’espace « chez la béninoise » où derrière son fourneau odette Damoufo manie avec dextérité un tas de carpes fumant sur un grillage. A ses côtés, étalés dans un plateau, de gros poissons qui aussitôt commandés sont, nettoyés et cuits sous l’œil des clients visiblement affamés. Les salutations sont fraternelles pour la plupart, ils semblent se connaître. « A chacun de mes voyages sur Man, c’est ici que je mange. La propreté, la rapidité, le goût mais surtout la fraîcheur des poissons de chez la béninoise force mon arrêt » avoue une cliente d’Odette qui esquisse un sourire devant tant d’éloges.
« Ma grande sœur a initié ce commerce depuis un quart de siècle. Désormais mutée à Abidjan avec son mari, nous assurons la relève et ça marche bien » déclare la jeune femme débordée. Entre les commandes qui vont crescendo et la cuisson précédée de la supervision du nettoyage du poisson, la vendeuse_ caissière n’a pas une minute à elle. Et ce, tous les jours, dimanche y compris de 8H à 18H. Cependant, Odette et ses sœurs ne semblent pas s’en plaindre, bien au contraire. Ces mères de familles disent participer sans sourciller aux besoins de leur famille.
Le prix des poissons vendus varie de 1500 à 5000 fcfa. Elles en achètent pour 100 000 fcfa le jour et la recette varie entre 200 000 et 300 000 fcfa par jour. Debout dès 6 heures, elles débutent à 8 h pour ne remballer les fourneaux que vers 18 heures. Avec un Sassandra aux nivelassions vacillantes mais aux ressources nombreuses, la fille de la famille Damouffo semble être bien partie pour un autre quart de siècle d’affaires.
Brave femme, courage a toi….
Merci!