Voir, rencontrer des Ivoiriennes, des Burkinabés vendeuses de “pain-condiment”, sandwich africain c’est commun. Quand Une femme de couleur, une cap-verdienne, s’y met ça intrigue et attise ma curiosité. Mon instinct de journaliste se mêle à un fort sentiment de fierté. L’envie de publier un article sur cette dame me hante. Voici l’histoire de ma « superwomen »,Hirondina Médina.
A la célèbre rue lepic de Cocody, elle a posé sa table depuis 10 ans maintenant. Son « pain-condiment » est sa source de revenu. Pâté de poisson, vermicelle, ragoût de pomme de terres, omelette, viande hachée, Haricot vert, avocat. Les accompagnements du pain très demandés par ses clients, que dis-je, ses abonnés. Médina et ses fidèles clients sont plus que des partenaires de commerce. Après ces années, ils sont devenus des amis. Une combinaison prix-confiance-satisfaction s’est créée. Des prêts sont même accordés. Une familiarité, des petits noms également dans la foulée. « Mamoutchka », l’autre nom de Médina désormais. Du haut de son mètre 55, Médina est maternelle, accueillante, souriante. Elle n’a pas l’âme de ses joues. A Hirondina, la vie a laissé des marques. Les coups, ses coups sont extrêmes. Ivoirienne d’adoption, son accent cap-verdien a presque disparu.
Hirondina, héroïne de 7 vies
Sara, Diana, David, Eva, Lidia, Paul, Rui et Ella comptent depuis l’adolescence pour certains et le berceau pour d’autres sur l’aide de leur maman. Le père, un béninois a mis les voiles. Le lâche! Si je l’avais en face de moi, grrr !! Mais Médina ne lui en veut même plus ( le bon Dieu doit être une femme, c’est sûr). Après quelques années de recherches vaines, elle se résigne et fait face à ses responsabilités avec bravoure. Femme de ménage à ses heures d’après rue lepic. Aussi mère-père-commerçante. C’est une « létagonin », une femme battante. Ce cumul de postes s’impose à elle. Les factures, le loyer, les besoins des enfants n’attendent pas. A 50 ans maintenant, Médina est fatiguée mais ne compte pas baisser les bras. Elle n’a pas le droit encore moins le choix. Médina a un rêve. Celui d’ouvrir une pâtisserie pour vivre son rêve d’enfance. Autre source de motivation, le bon rendement scolaire de sa progéniture. Ses enfants sont compréhensifs, braves, super intelligents et conscients. Les jours de repos et même ouvrables, ces derniers s’activent pour donner un coup de pouce à leur pilier de maman.