Un rouleau de fil, une paire de ciseau et un doigté. Celui de Yolande Yao. Tisseuse-tresseuse, business women avertie avec une petite armée d’apprenties sous sa coupole. Tresse, coupe simple ou encore coiffure extravagante ont désormais leur dompteuse au marché de Treichville. Les jours ouvrables moins. Les jours fériés et samedis plus. Le flux des clientes de “yoyo” vacille mais ne stagne pas. Elles sont nombreuses. Adolescentes. Jeunes, adultes et même des doyennes . Toutes convoitent “yoyo” qu’elles ont même rebaptisé la « Franck Provost » ivoirienne.
« Yoyo Gang »
Jeudi 15 Août 2014, jour de l’Assomption pour la communauté catholique en Côte d’Ivoire est aussi le jour de recette de “yoyo”. Il est 7 Heures et le banc de fortune devant le magasin de la jeune dame est plein. Les premières venues sont assises. Les “lève- tard” sont débouts. Des cailloux sont disposés en signe de présence. 10 minutes plus tard la jeune équipe est présente. Elles sont 7 au total. Géné, Hortense, Maty, Déborah , Kadi, Jeanne et enfin Yolande. Elles cumulent des postes. Enfileuse. Laveuse. Nateuse. Filles de ménage de circonstance. Vendeuse . Ces postes, elles les occupent toutes à tour de rôle. Les apprenantes de Yolande sont polies. Elles chouchoutent et bichonnent les clientes. Même jeunes, vous êtes appelées » tantie ».
Ce salon de beauté est en fait un contenaire de 12 pieds. 4 chaises principales, une coiffeuse et un grand miroir plaqué au mur. Un indispensable pour une implication de la cliente. Elle peut intervenir et guider la tresseuse. A l’extrémité gauche du magasin, un téléviseur 14 pouces plaqué au mur. Une commodité pour chasser l’ennui et la fatigue. Une coupe, même simple dure 4 heures minimum. La longue file d’attente et le nombre impressionnant des clientes en cause. Au dessus de la coiffeuse des casiers vitrés. Là sont stockés des produits capillaires de tous genres. Shampoing et pommade pour tout type de chevelure. Des « Nappy hair », (cheveux crépus) aux frisés. Tout y est.
Yoyo: Une autre Miranda Priestly (le diable s’habille en prada)
Travailleuse acharnée, Yolande est très alerte. Les mains sur une tête, son regard est fouineur. Elle ordonne, pose des questions et s’énerve parfois lorsque le rythme de ses filles ralentit : “dépêche toi de finir le shampoing pour passer à autre chose Géné”, ordonne la boss.
La PDG- comptable- tisseuse est également visagiste. A vue d’œil, Yolande conseille , suggère et parfois impose des coiffures aux clientes hésitantes et difficiles. A la fin, c’est toujours le sourire qui se lit sur les visages. Comme pour marquer leur satisfaction ou pour dire merci.
Exigeante, Yoyo ne laisse aucun moment de répit à ses filles. Ces dernières sont sur pieds durant des heures maintenant. Et Comme toute autre entreprise, des règlements existent. Il est formellement interdit aux apprenties de téléphoner durant les heures de travail. Et dans cette période de fraîcheur, une innovation de circonstance : le shampoing à l’eau tiède proposé à toutes les clientes. Le travail se fait à la chaîne. Géné, la plus ancienne et expérimentée commence la pose des extensions (mèches) après que l’une des filles ait finie les nattes. Elle “monte”,dans le jargon des tisseuses veut dire fixer les mèches sur les tresses au fur et à mesure. Un exercice sous la haute surveillance de la patronne bien évidement. Yoyo intervient au niveau de la nuque de la cliente. La chef opère sa magie. Elle termine, coupe, taille et limite.
De fil en aiguille et de bouche à oreille, la jeune trentenaire d’année s’est imposée sur le marché très concurrentiel de la beauté Abidjannaise. Elle s’est forgée une entreprise, une réputation et un nom. Yoyo pour les intimes ou même pour les nouvelles, est désormais un repère au marché de Belle ville.
Très joli reportage. Je t’encourage une sœur!
merci mon frère!
Des reportages accrochants , beaux…..Je m’en lasse guère de les lire .