Une si longue lettre à toutes les femmes

Des confidences couchées sur papier, elles le font rarement les épouses et mères africaines. Quand l’une d’entre elles, l’écrivaine Mariama Bâ en occurrence, s’y met dans « une si longue lettre », il faut en plus de savoir les écouter, les lire. Lire entre les lignes, sur, en dessous et même au-delà. Il y a en effet dans ces confessions écrites plus de maux que de mots. Des combats. Une lutte. Un engagement contre les violences psychologiques engendrées par l’une des normes de cette société islamique. J’ai nommé polygamie.

Dans l’œuvre Ramatoulaye, jeune institutrice sénégalaise épouse contre vents et marées Modou son choix et amour d’enfance. Ensemble, ils s’aimèrent et donnèrent vie 12 fois. Ensemble ils construisirent maison et réputation enviée. Ensemble ils se lièrent d’amitié indéfectible au couple Aïssatou-Mawdo.  Ensemble, ils vécurent heureux. Pendant 25 années. Et puis Modou cautionné par les règles de l’islam décide de convoler en (in) justes noces une seconde fois. Elle se nommait Binétou , avait le même âge, partageait les  mêmes hobbies et rêves que  sa lycéenne de fille Daba. Modou quitte sa première famille sans jamais se retourner laissant Ramatoulaye seule, avec les mômes, dans une dépression évitée in extremis par sa foi, son travail et l’affection de ses enfants. Pas le cas pour son amie ivoirienne Jacqueline expatriée, épouse d’un infidèle notoire Sénégalais qui sombre dans les profondeurs abyssales de ce mal vicieux. Pas le cas de son amie Aïssatou, même foi, même traitement qui- elle contre toutes attente -opte pour le divorce.

Cette œuvre chargée d’enseignements vous offre une palette d’attitude féminine face à la polygynie. Il faut savoir la lire, je le redis. Elle vous changera. C’est certain. On y retrouve les traces d’un féminisme engagé. On y retrouve des leçons de développement personnel. On y retrouve l’affirmation de soi. On y retrouve la force et pouvoir de dire NON. On y retrouve les lettres de noblesse de l’amitié vraie. On y retrouve les prouesses du livre. On y retrouve une floraison de proverbes chargés de sens. On y retrouve le Sénégal et ses fards face à la femme… libre.

« Un livre vraiment bon m’apprend mieux que de le lire. Je dois rapidement le poser et commencer à vivre sur ce qu’il m’évoque. Ce que j’ai commencé par la lecture, je dois le finir par l’action. »

-Henry David Thoreau

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