A quelques jours du sommet mondial sur la lutte contre le réchauffement climatique qui se tiendra à Paris, tous les pays s’organisent. Gros pollueurs, petits pollueurs comme pollués, tous sont aux grands préparatifs : demandes de visas, rédactions des discours, révisions des engagements (qui ne seront jamais respectés)… Au nombre de ces pays, la Côte d’Ivoire. Le pays de Félix Houphouet Boigny n’a toujours pas délocalisé son unique décharge ouverte en 1965 qui s’est transformée depuis lors en tueuse sournoise.
la décharge d’Akouédo est contiguë aux habitations
La Côte d’Ivoire ira s’engager à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 16 % quand elle balaie du revers de la main ces nouveaux cas de cancers, de fausses couches en cascades et morts en suspens, conséquences de la proximité de la poubelle de la ville selon la population villageoise d’Akouédo (site de la décharge) . Un Scandale moins médiatisé que celui du climat mais tout aussi dévastateur que celui des avancées des mers de ces dernières décennies .
Vu sur le mur de la décharge d’Akouédo
La décharge est à la limite de l’engorgement, elle est la seule qui accueille les tonnes de déchets (ménagers,biomédicaux,industriels et dangereux) produits par la métropole. Et en cette nouvelle saison mi- pluvieuse, mi- sèche, les courants d’air tels des enzymes provoquent des réactions aussi malsaines que destructrices dans le quartier et alentours. Toutes les odeurs sont en éveil au moindre petit coup de vent.
Cet ancien site de déversement des déchets toxiques officiellement dépollué soulève ces odeurs meurtrières dont les populations portent à vie les stigmates et souvenirs. Elles reconnaissent cette odeur, ce parfum laissé par le Probo Koala et qui pue à des kilomètres la ronde. Les souvenirs de 2006 ont laissé des marques indélébiles aux cerveaux. Conséquences: les poumons des très proches voisins de la décharge en pâtissent. Les courants d’air qui alimentent ces organes vitaux sont tout autant pénibles à décrire qu’à respirer. Ils sont fonction des déchets déversés dans la journée. Parfois les restes humains des différents établissements hospitaliers de la capitale économique y sont déversés. Les jours heureux c’est du brûlé de bouillons de cuisine, des saisies des produits prohibés et jugés dangereux par la police … Très fréquemment c’est un retour forcé à l’odeur naturelle et ordinaire de la poubelle. Inhaler au quotidien des hectolitres d’un cocktail nauséabond des rejets de la société n’a pour conséquences que des épidémies de bronchite, toux, rhum, rhinites…
Dure, dure, la vie de voisin d’une décharge
Des insectes nuisibles : mouches, moustiques, cafards aux rongeurs : souris, rats… tous cohabitent dans chaque maison de ce village de plus de 8000 âmes sans exception. Ces vecteurs de maladies sont pernicieux et sont dans leur environnement. Et ce, que vous soyez un as de l’hygiène ou non. Les journées, il est quasi impossible de prendre de l’air sans un chasse mouche. Pour des idées de pique-nique renoncez tout simplement! Les soirées, la relève est assurée par les moustiques en mission de transmission du paludisme et qui s’y adonnent à cœur joie. Les habitants ne tarissent pas de recettes pour s’en débarrasser mais la tâche est ardue. Un environnement propice à toutes sortes de maladies. Les plus fréquentes dans les cliniques de fortunes du village : diarrhées, paludisme, fièvre typhoïde, choléra…
Astuce des populations pour se protéger des rongeurs
Le dispensaire du village qui devrait muer en centre hospitalier urbain depuis les années 2000 n’est pas à mesure de s’occuper des cas de maladies plus préoccupants. Notamment d’une vague de nouvelles maladies constatées par le responsable de la jeunesse du village Séverin Gnago. « Les jeunes d’Akouédo sont pratiquement tous des orphelins, tous les parents sont décédés. La moyenne d’âge de ce village est de 40 ans, le plus âgé de ce village n’a même pas 70 ans. Toutes les personnes dites vieilles sont atteintes de tremblote. Nos femmes font des fausses couches en cascades. De nouveaux cas de cancers sont signalés » dépeint Séverin pas du tout serein face aux nouvelles menaces de la décharge. De plus les études menées par le groupe Eoulé révèlent que sur les 100 hectares de superficie de la décharge, 80 sont pollués car entièrement saturés de déchets de toute sorte. Si rien n’est fait le sous-sol du voisinage risque la contamination du fait de la migration accidentelle du biogaz. La décharge est saturée et a des implications sur la qualité de l’environnement abidjanais.
La nappe phréatique est atteinte
Danse de sorcière entre villageois et autorités
Fermeture-ouverture ;refermeture-réouverture! Pour la seule année 2015, villageois et autorités en sont en leurs 4ième bras de fer. Entre la population essoufflée, affaiblie par tous ces maux précités et l’administration incapable de délocaliser ce site, le torchon n’existe plus. Les points de discorde : les promesses non honorées du gouvernement. l’octroi de bourses, l’apurement des purges, le bitumage de l’artère principale du village entre autres. Selon les termes du contrat qui les lie, la décharge devait fermer ses portes depuis Juillet 2011 ; depuis ce sont les rallonges au détriment de la vie des populations
Dans le camp de l’autorité, l’argent paye des vies. «Elle a habitué les villageois à de l’argent. Après chaque grogne, une enveloppe et hop c’est le retour aux déversements » clame un opérateur de la zone.
Qui pourra fermer cette décharge?
La décharge d’Akouédo est l’échec commun de tous les gouvernements qui se sont succédés. Tous leur programme dégage l’odeur spéciale de ces tas d’immondices devenus au fil des années une gangrène dont les effets s’apparentent à celui d’un certain Probo koala.
Le journaliste blogueur Suy Kahofi l’a dit : « N’allons pas pointer à Paris (#COP21) quand on n’est pas capable de résoudre des problèmes élémentaires de protection de l’environnement et de respect de la dignité humaine » .
super Article. Tu es toujours dans le bon tempo.
Tu es vraiment de la trempe de journalistes dont l’Afrique a besoin.
Bon vent à toi .
Merci Coul!