Irène Kouakou est une jeune malade mentale vivant à Djamalakro, localité située à 32 Kilomètres de Bouaké. Âgée de 20 ans, Irène a été maintenue prisonnière depuis un mois chez sa mère du fait de sa maladie. Le pied enfoui dans un tronc d’arbre, la jeune fille a été dans l’impossibilité de se mouvoir et obligée de faire tout sur place y compris ses besoins. Localisée puis secourue par les agents de st Camille , la malade est amenée dans ce centre d’accueil et placée dans le pavillon réservé aux femmes. Désormais assistée, elle retrouve le sourire. Lundi 18 Mai 2015 ,retour sur la délivrance d’Irène .
« Alcatraz »
En face de la demeure du chef de village se dresse la bruyante maisonnette de la famille d’Irène. Et en plein milieu de la cour, sous un arbuste, s’érige les quartiers de la malade mentale. le pied enfermé dans un tronc d’arbre fait sur mesure, la jeune fille chante à se rompre les cordes vocales.
Irène,frêle, est immobilisée, incapable d ‘effectuer tout déplacement. Elle se nourrit, se douche et vit sur place . Traumatisée à la suite d’un viol dans son enfance, Irène souffre de démence depuis 10 années. Et selon sa mère le quotidien de la famille rime depuis avec inquiétudes et recherches d’Irène. De ces multiples bagarres, la jeune fille porte les nombreuses marques sur le corps. La tenir en laisse, la seule solution de circonstance pour l’empêcher de fuguer et de tout casser . Cela est également aux dires de sa mère une garantie pour la quiétude de ce petit village Baoulé.
Irène, un poids pour la famille
Le nourrisson en main,la mère observe impuissante sa fille. La quarantenaire peu flatteuse, la précoce vieille dame est à sa neuvième maternité. Ménagère , célibataire vivant sous le toit paternel, « aucun des pères de ses enfants n’a voulu de moi comme épouse « – nous dit elle. Cette femme n’a pas d’argent, pas de ressources, pas d’amis ou de parents pour l’aider. Le suivi à l’hôpital psychiatrique revient en moyenne à 10 000 fcfa le mois. Une somme loin de la bourse familiale.
La délivrance
L’arrivée des agents de la caritas et de l’ONG allemande les amis du centre st Camille est une chance pour Irène. Coulibaly Adama et Mathias Koffi ont l’habitude de ces cas. Une fois par trimestre, ces derniers parcourent villages et campements à la recherche de malades comme Irène. Parfois les transferts se passent violemment, à cause des parents parfois et d’autres fois à cause du malade lui même.
Ici, rien de tel. Celui d’Irène se présente bien . La famille n’élève aucune objection. C’est avec émotion que la baptisée folle du village quitte bourreaux et famille pour le centre d’accueil des femmes St Camille .
Plus tôt calme, le voyage vers la ville se déroule sans aucun incident. La jeune dame à moitié lucide raconte à ses héros du jour ses voyages et villes qu’elle dit avoir visitées.
St Camille, le nouveau toit
13 heures, le portail du centre est franchit . Les pensionnaires sortent de table à peine. Occupées à faire le ménage pour certaines et la sieste pour d’autres. Irène rencontre ces nouveaux visages sans étonnement. Reçue par celle que l’on appelle affectueusement « tantie kadi », l’infirmière en chef , la malade est enregistrée. Un dossier lui est ouvert et un tranquillisant aussitôt administré. En attendant, un diagnostic plus poussé du médecin le lendemain, la nouvelle venue est logée dans la chapelle du centre érigée en dortoir de circonstance . Le nombre des pensionnaires vient de franchir le cap des 145. Les trois chambres de ce centre sont pleines et paraissent aujourd’hui exiguës. Sous ce nouveau toit couvert, Irène,la « folle » retrouve un peu de liberté . « La familiarité avec les autres femmes de ce centre se fera tout naturellement» affirme tantie Kadi
Je suis vraiment touché. Chapeau Madame
Merci Hippo!!!
Merci pour cet article Rita
C’est moi ma belle!!
Waouh, super article, qui nous montre une des faces de notre société qu’on se refuse de voir.
Merci à toi Rita
Merci à toi Zak!