Pour retrouver des enfants disparus la police,la radio,la télévision et les journaux papiers ont leurs recettes. Et bien les griots, chercheurs d’enfants aussi. Une technique orale, assez originale et directe qui s’avère être parfois tout aussi efficace que les instances conventionnelles. « L’enfant est perdu », c’est la traduction littérale de l’expression malinké « dénitounounan » et par ricochet métier et carrière de Dramé Solo. Son boulot, son quotidien, ce sont les enfants disparus et retrouvés mais aussi les parents affolés. Nous en parlons avec lui ce lundi 9 mars 2015
carte d’identité
À le voir assis avec son tee-shirt démembré, képi vissé sur la tête et sa banane malpropre on aurait hésité entre un fouilleur de la décharge ou un mécanicien. En fait, le Bambara du Burkina Faso voisin, baptisé Solo la vérité à cause de son franc parlé par les habitants d’Akouédo, est le seul griot de ce gros village Ebrié. Et surtout celui qui est à la base du retour de plusieurs enfants disparus.
Descendant d’une lignée de griots, c’est à la mort de son père Sidiki Dramé que Solo récupère les rênes, il y a de cela 30 ans maintenant. Il hérite ainsi du « dounou kara », tam tam parleur assorti au bois et surtout de la verve paternelle. Sa voix roque porte. Normal, c’est l’un de ses outils de travail et il s’en sert toujours. Du haut de son mètre 80, la soixantaine élégante, ce « djéliba » autre nom des griots est imposant et tout en muscle. Il est dynamique, vivant et ne fait vraiment pas son âge. Solo est père de neuf enfants et grand-père d’une dizaine de petits enfants
Son boulot
« Quand il y a disparition d’enfants, les parents viennent me voir munis d’une photo. Ils sont généralement apeurés, angoissés et en larmes surtout les mamans. Je les rassure en leur déroulant mon palmarès et ils repartent un peu plus calmes » Confie Solo le sourire en coin et sur un ton rassurant.
Avec la photo, notre griot se met tout de suite au travail. Il parcourt tout le village en chantonnant aussi bien en malinké qu’en français, un français approximatif. Mais compris par cette population à majorité défavorisée. Ses lieux de recherche : les carrefours, le marché, la décharge enfin tous ces endroits où il y a rassemblement.
« En général en deux jours je retrouve l’enfant. Ces derniers sont apeurés ont l’air perdu et sont retrouvés chez une âme généreuse qui accepte bien de les garder sous son toit » Une fois retrouvés, les contacts sont appelés immédiatement pour une identification. Quand elle est concluante, c’est un moment de grande émotion. « Les parents sont en joie et pleurent. A mon tour je leur prodigue de sages conseils concernant la garde des enfants » Au cas où l’enfant n’est pas celui de la famille, il est tout de suite conduit à la chefferie du village « je ne veux pas garder les enfants retrouvés avec moi. Il n’ y a pas de assez de place chez moi et c’est un engagement trop important, donc je refuse » ajoute t’il.
Ses exploits
Griot est avant tout un métier noble. C’est un sacerdoce, un métier sans salaire à l’origine. « Les prix vont de 100 f à 1000 fcfa, ça dépend du pouvoir d’achat de la famille, je n’impose rien et c’est après la découverte de l’enfant égaré, que des parents contents me font des cadeaux » Explique Solo les mains occupées à autre chose. En 30 ans, Solo dit avoir retrouvé plusieurs enfants. Allant des enfants à bas âge aux adolescents « je ne comptabilise pas le nombre d’enfants retrouvés mais en 30ans, j’en ai trouvé un bon nombre » Solo s’occupe aussi bien des familles défavorisées que nanties « quand un enfant se perd, la famille exploite toutes les pistes pour le retrouver quitte à venir me trouver ici dans ma cabane » explique solo assis au milieu d’un tas de produits de la décharge. A côté de son activité non lucrative, « la vérité » est revendeur d’articles venant de la décharge. « moi je suis aussi commerçant , « dénitounounan » ne nourrit pas son homme et puis les pertes d’enfants ne se font pas fréquentes, donc je fais mes petites affaires à côté » solo est aussi animateur de mariage traditionnel, annonceur de bonnes comme mauvaises nouvelles. Une véritable radio polyglotte et polyvalente grandeur nature.
Joli article une sœur!
Merci Félix!
Super interessant ! Merci
Bel article. Congrats!
Merci monsieur!