En côte d’ivoire en général et Abidjan en particulier, le voisin est un ami, parfois considéré comme un parent. Premier secours avant les pompiers et la famille biologique en cas d’incidents. Soutien de première heure aux anniversaires, baptêmes, mariages mais aussi dans le malheur, les voisins sont très proches de nos vies. Avec ces derniers nous partageons beaucoup. Et ce n’est pas plus mal, quand ce presque frère a une notion de savoir vivre. Lorsque cela n’est pas le cas bonjour les désagréments, irritations et interminables indispositions.
Quand ces voisins profitent du lien sacré de cohabitation pour envahir, quand vivre près de ce dernier devient un calvaire. Quand cet envahissant proche étouffe surtout dans un quartier dit de bourgeois, c’est fou, c’est simplement macabre (mot en vogue en Côte d’Ivoire)!
Manque de savoir-vivre
Partager une tomate, un oignon, un fourneau, une bassine et autres ustensiles de la maison entre certains voisins est devenu un acte naturel aussi bien à la palmeraie (quartier chic) qu’à Yopougon ou Abobo .Dans ces quartiers populaires, l’une des devises est quand il y en a pour un, il y en a pour tous. Ces quartiers abritent en général des individus à revenus modestes. L’entraide est pour ces derniers ce que représentent les logiciels libres dans une communauté web. Mieux un accord tacite pour perpétuer la solidarité, l’entraide, une recette maison pour venir à bout de la pauvreté. Un mode de vie certes mais il faut appeler les choses par leur nom cet acte s’apparente de plus en plus à un certain manque de savoir-vivre notoire. Surtout que certains de ces proches ne font pas les choses à moitié. Lorsque cette mauvaise habitude, ces services en continue H24 étendent leur métastase à la palmeraie, Cocody ou à la riviera, ces quartiers résidentiels, huppés, où l’individualisme, le « chacun chez soi » prend toutes ses lettres de noblesse , il y a problème. Des personnes aisées et distinguées s’adonnent à cet exercice hors de leur rang. D’autant plus que ces dernières se la jouent « choco» (bon chic, bon genre et suffisant), Je suis africaine et pas parano. Je sais l’importance des mots service, entraide et coup de main. Quelques fois, oui, c’est compréhensible, mais tout le temps, de façon perpétuelle, il ne faut pas se le cacher, ça irrite !
le piège
« En voulant être aimable une seule fois avec ma voisine, j’ai ouvert ma porte à l’envahisseur. Je me retrouve dans une sorte d’impossible engrenage, j’ai accepté une fois de lui fournir un peu de lait, puis de l’huile rouge et aujourd’hui ma maison est devenue son marché » témoigne une voisine « abusée » de la riviera palmeraie. Le souci avec ces voisins est qu’ils ne se rendent pas compte qu’ils sont lourds, ils persistent encore et encore. « Je fais tout, je lui envoie des feux de détresse, des codes, des signes de protestation de ses incessantes demandes, mais il n’y a rien à faire, elle est de retour le lendemain pour autre chose » Ajoute t’elle. « ça a commencé naturellement par les ustensiles de cuisine qu’elle ne ramène pas d’ailleurs après utilisation, puis les excuses quand je me rends pour les récupérer. Puis des bouillons de cuisson, un peu de riz blanc pour terminer une sauce, pour finir avec des incursions inopinées dans ma maison pour se servir » poursuit une autre voisine exacerbée.
les enfants, l’autre prétexte
La situation est plus gênante lorsque l’immanquable familiarité est détournée de sa mission première : vivre en parfaite harmonie le plus longtemps possible avec ses paires. Lorsque les liens avec les enfants, cette entité chère à nos cœurs sont mêlés à ce traquenard. Une fois les liens consolidés c’est la galère. C’est plus compliqué de se sortir de cet imbroglio. Ce rapprochement des mioches est utilisé comme prétexte pour une certaine invasion, un certain chantage émotionnel ; « nos enfants sont trop liés, ils jouent ensemble et je crains que mes reproches ou remarques ne puissent créer une séparation et agir sur les enfants. Je laisse donc faire ma voisine même si cela m’agace, c’est le prix de l’épanouissement de mes enfants » partage une autre mère victime de sa voisine encombrante.
Certains vont jusqu’à emprunter la voiture, l’argent, enfin tout ce qui engendre gènes, frustration et ras-le-bol de l’autre partie.
Pour se tirer d’affaire, c’est tout comme le cancer, soit anticiper, soit dire ces vérités et couper les ponts.
Car aujourdhui, La poêle, les assiettes, le mortier . Demain surement le lit, l’époux et le foyer pourquoi pas pendant qu’on y est !