« Tendance été ivoirien-carême chrétien 2015 » ! Le chemin de croix de cette année s’est déroulé très accessoirisé. A tel enseigne que ce rendez-vous hebdomadaire catholique avait parfois des allures de « fashion-walk». Certains parmi les fidèles catholiques invités à honorer ce moment de dévotion au Christ, étaient tous sauf disposés à « souffrir la passion ». Lunettes de soleil, chapeaux, parapluies, protège genoux de circonstance, boissons rafraîchissantes… De nouvelles astuces pour vivre convenablement cette marche qui se veut pourtant pieuse, méticuleuse et surtout de pénitence. Replongeons dans les coulisses de cette tradition chrétienne aux nouveaux airs, bienvenue au « chemin de choix » !
Dans les coulisses
Vendredi 3 Avril 2015. Dernier vendredi du temps de carême, vendredi saint donc. En ce jour symbolique, un chemin de croix est organisé comme partout ailleurs à la paroisse St Jean de Cocody. IL est 14 heures 30, les rues du quartier ambassade, lieu de rassemblement, accueillent par grappes les mannequins, euh pardon les paroissiens. 31 degrés Celsius, le soleil luit fortement. Le bitume chauffé à bloc dans ce quartier « bourgeois » dépourvu d’arbres annonce la coloration de la marche : très chaude ! Mais certains marcheurs sont outillés. Lunettes de soleil, foulards, chapeaux, parapluies, casquettes… Dans ce décor de pare-soleil de toutes tailles, des vendeurs ambulants d’eau et jus rafraîchissants, de mouchoirs en papier et d’éventails savamment éparpillés se frottent les mains. Tout est réuni pour contrer la canicule pas tolérante ce jour. « J’ai eu tort de n’avoir pas enfilé un pantalon aujourd’hui, avec cette chaleur, je vais m’en prendre plein les genoux » lance une jeune marcheuse anxieuse. Vêtue d’une jupe mi genoux l’adolescente est abritée à l’ombre devant une maison. La jeune paroissienne imagine sa galère lorsqu’elle sera appelée à s’agenouiller 14 fois pour prier pendant les stations ; ces traditionnels arrêts symboliques qui retracent le calvaire de Jésus-Christ.
« Fashion attitude »
Ce dernier chemin de croix est spécial. Plus long que ceux vécus au cours du carême aussi plus fastidieux, il est mimé. Tout est réuni pour permettre à chacun de vivre son moment de pénitence. La jeune catho a de quoi s’inquiéter. Après la prière inaugurale, débute le cheminement proprement dit. Les stations, prières, chants, récitations de chapelets s’enchaînent. Et lors de ce qui devrait être un geste naturel chez ces chrétiens, surprise ! Certains ne manquent pas d’astuces pour fuir le soleil. La genou-flexion est évitée pour ceux qui ne disposent pas de coussinets de circonstance pour amortir l’effet de la chaleur ou le contact avec le bitume. Les quelques ombres procurées par certaines maisons deviennent des endroits très convoités. Entre deux prières, d’autres s’offrent des rafraîchissements.
« Miracle »
Pendant la marche, il se produit comme un miracle. C’est à croire que le père céleste a vu et entendu la souffrance de ses enfants : la température chute. Le vent circule mieux, le bitume se refroidi, le temps devient plus doux.
Cette « grâce » ne sera suivie d’aucun changement d’attitudes chez nos marcheurs « fashion » : Les accessoires ne sont pas retirés et les genoux restent toujours aussi raides. Des postures qui laissent perplexes face au sacrifice ultime de leur sauveur. Heureusement pour ces chrétiens spéciaux, Jésus ne tient pas rigueur puisqu’il est dit miséricordieux !