Highlife, high culture

Avant d’être dérivé en pagne, Highlife est le cœur et l’âme de la musique populaire du Ghana comme le dit si bien Bill Odidi dans son article sur This is Africa du 23 juillet 2016 ( journaliste de la Kenya Broad casting corporation). Mieux, highlife fut à l’orée de l’indépendance l’hymne du mouvement de libération du pays voisin sous Kwamé Nkrumah. Porter un morceau ou l’empreinte de cette sonorité identitaire, va un peu plus loin que l’envie de faire la belle. Musique-politique-mode, il n’y a qu’un trait d’union, j’ai nommé Highlife !

Highlife, high people

La mélodie populaire néo-folk des années 1880 à l’origine appelée « adaha » devient célèbre en 1914. Elle est destinée à faire danser la bourgeoisie noire des villes côtières d’Afrique de l’Ouest pendant des bals. Sa cible est les élites, c’est de la romance de grande classe. Une légende urbaine raconte que cette musique très en vogue réunissait la haute société lors des soirées dansantes . Ces rencontres festives aux entrées cher-payées exigeaient aux convives un dress-code très select, le costume en occurrence. Les exclus qui l’ entendaient du dehors la baptisèrent alors highlife, la musique de ceux qui mènent la grande vie.

« La plupart des musiciens étaient issus des fanfares militaires, montées par des soldats ghanéens revenant de la Première Guerre mondiale, où ils avaient été exposés à des styles musicaux des Caraïbes et de l’Europe en combattant aux côtés des soldats étrangers au sein des régiments coloniaux britanniques. La seconde guerre mondiale a fait d’Accra, une base importante pour les militaires britanniques et américains qui fondent sur place des orchestres. Parmi eux, le sergent écossais Jack Leopard, saxophoniste. Celui-ci recrute Emmanuel Teteh Mensah », qui devient par la suite le roi du Highlife.

Highlife, high vision

Le 6 mars 1957, le Ghana ouvre le bal des indépendances sub-sahariennes avec à sa tête Kwamé Nkrumah. D’abord premier ministre ensuite président en 1960, le panafricain, rêve des Etats unis d’Afrique et se bat pour la réalisation de son rêve. L’homme tente de transformer la musique de grande classe en une musique politique. « Il se fera souvent accompagner de musiciens de highlife comme Nyame lors de ses tournées dans des pays africains pour promouvoir son mouvement panafricaniste. Beaucoup de musiciens ghanéens laissent tomber les paroles en anglais et se tournent vers les langues locales notamment le Twi et l’Akan, s’inscrivant ainsi dans le droit fil de la «personnalité africaine». Le président exhorte les artistes  à produire une musique plus ghanéenne débarrassée de mélodie et de toute autre identité non-africaine. N’krumah a même essayé de rebaptiser «highlife» en «Osibi», un mot Akan qui fut l’un des premiers noms de ce style musical. Car selon le leader, une indépendance véritable impliquait autant l’éveil culturel du peuple que sa libération politique et économique.

Highlife, high tendance

La musique de « lutte » déclinée depuis lors en pagne devient par la suite l’un des préférés de ma maman. Elle l’avait reçu de sa maman et le garde jalousement. Aujourd’hui, fabriqué sous plusieurs couleurs et sous plusieurs marques, j’opte pour celui au fond jaune du label Côte d’Ivoire. Les soupçons de couleurs primaires parallèlement jetées illuminent la base marron du pagne tout en conservant les éternelles rangées de neuf tels des papillons. La nouvelle version du pagne est plus ‘’light’’, fraiche, jeune et pétillante !

Pour faire du neuf avec du vieux, Maxime mon styliste mise sur une robe droite 10 cm au-dessus du genou. Elle est près-du-corps, marquée à la taille et mise en évidence par l’élément déterminant : les manches. Les volants sont de retour, revivons joliment avec ! Posés avec désinvolture, ils apportent leur lot de sophistication et de touche camisole vintage de grand-mère. Pour la touche déjantée, j’opte pour des tennis bleu-ciel pour un look plus engagé, idéale pour une sortie entre amies. S’approprier l’instant demeure la règle. Pour le bureau ou une sortie en ville ou même pour un mariage des escarpins et cette robe font l’affaire…C’est du Higtlife, en son ou vêtement, il déchire encore aujourd’hui ! Comme le dit Virginia Woolf « Vaines bagatelles qu’ils semblent être, les vêtements ont, disent-ils un destin plus important que de nous tenir chaud. Ils changent notre vision du monde et le point de vue sur nous. »

Let’s have a high-life. High-style. High-dress!

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