Duekoué : Charlie, blanchisseur par la force de la guerre.

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Dans les rues du quartier résidentiel de Duekoué

Samedi 06 décembre 2014. Duekoué. 6 heures 30 minutes, le lendemain de l’étape 2 de la caravane de la cohésion sociale.  L’heure de départ  sur Daloa approche à grand pas. Le montage du reportage de la veille fini à peine. Dans le porte-bagages, que de vêtements froissés. Un blanchisseur vite fait! Renseignements pris auprès de la réceptionniste, nous conduisent à quelques pâtés de l’Ivoire Hôtel, l’hôtel hôte. Dehors, l’air est à la fois frais, sec et poussiéreux. Il y a comme un début d’harmattan sur la ville. Il y règne un calme plat. Les femmes sortent timidement des habitations. Les enfants, matinaux jouent et papotent. Les hommes vaquent à leurs occupations. Quelques véhicules marqués « UN » rappellent la présence de la force onusienne . La ville reste l’une des plus marquées par la crise post électorale de 2010.

Arrivée au lieu indiqué, la surprise est grande. La blanchisserie du sieur Charles Sié Zogonou dit charlie est à l’opposé de l’image moderne du quartier résidentiel. Sous un gros arbre, un  semblant de cabane  lui sert de magasin. Sans SAMSUNGportes ni fenêtres, que 4 morceaux de bois coupés cloués avec rapidité et amateurisme. À l’intérieur de cet abri de fortune, une table en bois qui sert de table à repasser. Puis un fer bien différent de ceux des autres blanchisseries d’Abidjan. Pas électrique,traditionnel et rudimentaire plus tôt . Le fer de Charlie est à charbon. La surprise est doublement grande avec l’inquiétude et le scepticisme qui va avec. La fumée qui se dégage de cet outil ancien veut faire rebrousser chemin mais Monsieur Zogonou reste le repère, le « fanico » (lavandier), la référence dans ce quartier des hautes autorités. Pas d’autres choix ! 10 minutes, le temps qu’il faut à notre blanchisseur pour faire chauffer son fer. Une fois chauffé, l’instrument est prêt à dresser tout type de vêtement. Soie, tergal, jeans… Sous les « vas et vient « du blanchisseur , les yeux inquiets de la cliente. Le fer est brûlant et bruyant. Elle craint pour ses affaires. La cendre est versée au passage, salissant à des endroits le vêtement blanc.Seulement ça. Il y a eu plus de peur que de mal. Charles comptabilise 2 années d’ancienneté. 15 autres minutes plus tard les 3 vêtements sont repassés et  pliés.

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L’instrument de travail de Charlie

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À  100 fcfa le vêtement lavé et repassé,  l’ancien employé de l’Ivoire Hôtel s’est reconverti par la force de la guerre.Il a fini par se faire un nom et un petit nom même si cela n’est  toujours pas  évident. « Avant la guerre, mon boulot d’homme de chambre me permettait de mieux m’occuper de ma famille car la paye était fixe et rémunérée à hauteur de 50 000fcfa. A côté j’avais mes petits gombos(business), je pouvais compter également sur la générosité de certains clients. Aujourd’hui, blanchisseur, je joins difficilement les deux bouts car la familiarité avec les clients poussent à faire des prêts et c’est compliqué pour faire face aux factures  » Domicilié au quartier » perd-tête », le quartier précaire de la ville, ce père licencié de 46 ans a passé l’étape des lamentations et s’atèle à son nouveau boulot. Avec en moyenne 750 fcfa le jour, Charlie souhaite épargner pour s’offrir un fer à repasser moderne.

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Crédit photo: Rita Dro

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