Béoué de tous les totems!

A l’instar de tous les villages d’Afrique de l’Ouest,Béoué de la Côte d’Ivoire dispose de sa liste de totem.Une si longue liste qu’elle pourrait battre des records.Dans cette cité ouest montagneuse,pratiquement chaque famille a son interdit. L’animal-totem, leur  crédo. Le silure, le plus grand de tous est suivit du bœuf,de la biche ou encore du porc. Des animaux vénérés comme une divinité. Leurs histoires sont étroitement liées à celle de ce peuple Wê . Elles  tiennent d’épopée, de légende et font l’objet d’une grande croyance et d’une stricte mise en application. C‘est impressionnant !

 Le totem à Béoué permet un phénomène d’identification qui crée la cohésion entre sa population de 2800 âmes par un lien indéfectible.

Famille Gbéo, totem : le bœuf

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Wê Source Image: Abidjan.net

La légende raconte que l’une des sœurs de la famille a reçu lors de sa cérémonie de dot, un bœuf. Après des années de mariage, elle enfanta plusieurs mômes dont l’un tombe gravement malade. Après plusieurs passages chez les féticheurs guérisseurs, l’un d’entre eux, le plus fort, lui conseille de lui faire parvenir un veau de la lignée du bétail reçu lors de son mariage traditionnel. Elle s’exécute en se rendant en famille. Mais toutes ses supplications rencontrent le refus catégorique de sa propre famille. C’est pendant l’une des dernières négociations que son fils malade perd la vie. Entrée dans une grande colère, la mère éplorée profère une malédiction sur quiconque mangerait la viande de bœuf. Le Châtiment imposé est la mort. Conséquence du drame tous les bœufs meurent sur le coup. Une termitière pousse sur la dépouille animale. Seul Cet élément naturel constituerait un antidote destiné à conjurer ce sort pour les descendants Gbéo qui auraient preuve d’imprudence.

Famille Béa, totem : la biche blanche

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Source image: internet

La famille du président des jeunes du village est une famille guerrière. Dans les temps anciens, avant les batailles en guerre, la peau de l’animal servait de bouclier mystique. Sous cette armorie faite en peau, les armes physiques comme mystiques n’atteignaient point les combattants Béa. Ils devenaient ainsi invincibles, tels Hercule ou Samson aux yeux de l’ennemi et remportaient tous les combats en guerres. Une fois consommé, le guerrier perdait toute sa force et devenait vulnérable. La biche blanche n’est pas un totem mortel, les épouses, sœurs et filles peuvent en consommé sans incident.

Famille Gbéa , totem, le pklé

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Allée au champs pour ramener de quoi à manger au village, l’une des grand-mères Gbéa est enlevée et faite prisonnière destinée aux repas des petits d’ un pangolin géant. Depuis les profondeurs du creux dans lequel elle est jetée, le vent lui fait grâce. Le fruit d’un arbre, le pklé qui jouxtait cette « prison » tombe laissant ainsi entrer la lumière nécessaire pour pouvoir se frayer un chemin et prendre la fuite avant le retour de son geôlier. Dès son retour au village, les faits sont contés à la famille, la vieille femme fait promettre à ses enfants de ne jamais manger les fruits de cet arbre sauveur en guise de reconnaissance et de gratitude.

Béoué et invités, totem : le silure

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Source image: internet

Découverte en 1929, la grotte de Yaosséi, constituait pendant les guerres tribales, une cachette magique pour les chasseurs de Béoué. En ce lieu, les pourchassés devenaient invisibles et les ennemis retournaient bredouilles. C’est donc en reconnaissance de cette cachette que les chasseurs décident d’occuper ces terres et de sceller un pacte avec les poissons provenant de la source du Banouin, rivière ou logent les silures. Contrairement aux précédents, ce totem peut nuire gravement à la vie des autochtones mais aussi aux allogènes et invités. Cette rivière encercle le village entier et le protège des attaques. Manger ou tuer ces poissons est acte un comparable à un crime dans la région et la sentence est égale au forfait. En 1984,  Amédé Glazai, fils de la région, est en classe de CM1 et garde encore aujourd’hui l’histoire de l’inspecteur visiteur de la région bien mémoire ; Venu pour une mission, un certain Oulaye, instituteur et fils du village chrétien qui refoule toutes ces croyances du revers de la main décide d’offrir les fameux poissons du Banouin à son supérieur. Une obstination qui a bien failli coûter la vie de son chef et de sa famille. C’est à la station de Guiglo que le véhicule de l’inspecteur prend mystérieusement feu avec à l’intérieur toute la famille. Ils sont extirpés de justesse, mais le véhicule, lui, part complètement en fumée. Dans les décombres, l’homme tombe sur le paquet de silures encore vivants dans son véhicule calciné. Ce n’est qu’après cet incident qu’il comprit son erreur et celle de son employé. La liste n’est pas exhaustive .Pour les téméraires qui auraient essayé de tuer ces poissons, les anciens racontent la très grande quantité de litre de sang qui y est recueillie. Ce premier constat est suivi de la mort soudaine du forcené.

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