Un énième bras de fer syndicats-chauffeurs

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C’est un secret de polichinelle, entre eux, l’amour n’a jamais été au beau fixe. Chauffeurs de taxis et syndicalistes sont une fois de plus entrés en collision ce lundi 8 février dans la commune de Cocody. Aucun dégât matériel enregistré mais d’importants désagréments créés aux nombreux usagers de ces véhicules de transport en commun communément appelés wôrô-wôrô. Rencontre avec cette famille de transporteurs  aux indénombrables démêlés.

Les syndicalistes et acteurs du transport réunis au sein de la Confédération des Transporteurs et Conducteurs de Cocody (CFTC) ont fait leur come-back, après 9 mois de fermeture de leurs gares. Ils sont de retour avec 5 kiosques à péages installés dans ce quartier résidentiel Abidjanais.

« Ayant examiné la situation de dégradation de l’ordre public, nous prenons la décision de fermer, jusqu’à nouvel ordre, les gares de taxis communaux et interurbains, de suspendre, dans les gares et sur les voies publiques, tous les encaissements liés à l’activité syndicale… », a soutenu N’gouan Aka Mathias maire de Cocody, en avril 2015, pour mettre fin à « l’anarchie » dans sa commune.

Les membres cette confédération disent être désormais organisés et bénéficier du partenariat du ministère du transport et même de la caution  du conseil municipal de l’ agglomération. Leur mission : faciliter le payement journalier des tickets de chargement des chauffeurs des taxis jaunes. Un dispositif différent des encaissements désordonnés et anarchiques d’autres fois  et qui s’exerçaient à la volée et très souvent dans un environnement  de violence.  La nouvelle organisation effective depuis une semaine  est loin de rencontrer l’approbation des premiers concernés, les chauffeurs.

La colère des chauffeurs

Entre murmures, refus d’obtempérer des conducteurs de Wôrô Wôrô d’un côté et l’insistance syndicale de l’autre, une énième  grève des chauffeurs est instaurée. Décision encore unilatérale qui est  malheureusement aux grands dams des usagers.

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A la  gare des « waren » des 2 plateaux, le bureau numéro 5  de la CFTC  jaune est fin prêt. Juste en face, des chauffeurs lorgnent cet édifice. Yaya, l’un d’entre eux, dit ne pas comprendre  l’utilité de ce kiosque à ticket et se définit comme un rebelle depuis l’ancien système : «  même du moment des  « syndicalistes- encaisseurs violents »   je ne payais pas ce fameux ticket de chargement,  ce n’est pas avec l’arrivée des caisses que je vais changer. Payer 700 fcfa par jour comme frais de chargement, je trouve que c’est  une grosse arnaque  »  lance notre un conducteur de la ligne Cocody- Angré. L’homme visiblement irrité, accuse les syndicalistes de plus les escroquer que d’assurer leur mission première qui est la défense des droits des chauffeurs. Il estime trop élever le coût et dit ne pas  connaitre la traçabilité de cet argent collecté. « Je m’acquitte déjà de 10000 fcfa par mois de taxes de stationnement à la mairie. J’ai déjà payé mes 58000 fcfa de droit de conduire sur cette ligne auprès des syndicalistes, je n’ai donc plus rien à payer » tranche le conducteur.

Comme Yaya, ils sont nombreux à voir en cette réforme syndicale une escroquerie organisée. «  J’ai cotisé 700 par jour  pendant 2  années, le jour où ma femme accouchait de ma fille, je suis allé voir nos soi-disant syndicalistes pour une éventuelle aide. Je traversais des moments difficiles et avait besoin d’un coup de main pour les factures à l’hôpital. Malheureusement personne n’a bien voulu m’écouter ou même m’aider. Raison pour laquelle je refuse de payer ce qu’ils me demandent » se remémore Hassan, un autre chauffeur rebelle.

D’autres parlent de non-assistance en cas d’altercation avec la police ou la justice mais aussi de non-assistance à personne en danger : « j’ai perdu 5 collègues, morts sans avoir reçu une quelconque aide financière pour les frais médicaux » témoigne loss, un autre chauffeur mécontent.  » ils sont là pour leur enrichissement personnel » poursuit ’il.

la sérénité des syndicalistes

Au milieu de  cette grogne et toute cette agitation, les syndicalistes affichent un air serein. « Nous disposons de moyens de pression pour les obliger à payer en cas de refus. Ils partent des amendes aux interventions d’une équipe spéciale affrétée pour ces éventuels cas » affirme Sanogo Ladji, membre du bureau des syndicalistes nouveaux.

Depuis lors, les klaxons ont repris en intensité  sur le boulevard Latrille grâce à l’intervention de la police.  Même si l’atmosphère reste visiblement encore tendue.

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